Terres incultes - Carolina Fonseca
Le titre de l’exposition Terres incultes emprunte le terme utilisé dans les textes législatifs pour désigner une zone non exploitée.
Dans le Bulletin de l’Institut de Recherches Économiques et Sociales de septembre 1957, Emile Clicheroux définit les terres incultes comme «tout terrain qui n’est employé régulièrement à aucun usage agricole ou forestier», puis il détaille «les étendues couvertes de bruyères, les sarts, les broussailles non exploitées, les étendues marécageuses ou rocailleuses, les landes, les fagnes, les dunes ne portant pas de culture» 1.
L’aménagement du territoire, l’agriculture intensive, les méthodes radicales d’assainissement et de nettoyage ont conduit entre autre au drainage des marées, à l’arrachage des friches et à la canalisation des fleuves et des rivières. Autant d’actions qui ont considérablement modifié le paysage, tout en détruisant des écosystèmes entiers.
Si « inculte » veut dire «inexploité», faut-il comprendre que « culture » soit synonyme d’«exploitation» ? Une terre inculte est-elle une terre ignorante, qui n’a pas su se mettre au service de l’espèce humaine ? Une terre ignorée des hommes et des femmes ? Une terre dénuée de valeur ? Le choix des mots nous incite à repenser les rapports que notre société, fondée sur la production et le profit, entretient avec le monde qui l’accueille.
Cette exposition joue avec les motifs du paysage ; elle en questionne les codes de construction, dans la perspective de défendre une terre qui, bien qu’endommagée, résiste. Carolina Fonseca présente également une restitution des pièces réalisées par les élèves de CP de l’école élémentaire Notre-Dame à Metz dans le cadre du projet «Pépinières de formes sauvages et urbaines». Cette résidence d’artiste en milieu scolaire s’inscrit dans le dispositif de Metz ville laboratoire pour l’expérimentation du 100% EAC .
1. Emile Clicheroux, L’évolution des terrains incultes en Belgique, Bulletin de l’Institut de recherches économiques et sociales 23e année, n° 6 (septembre 1957), p. 497-524 Ed: Department of Economics, Université Catholique de Louvain.
Cette exposition est diffusée dans le programme VIVANT 2020 - Saison culturelle pour la biodiversité.
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